« Échanger sur nos cultures »
Dans le(s) Magazine(s) : n°2 mars 2018
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Eman Al Hussam, 26 ans, est originaire du Yémen. Il est végétarien depuis qu’il étudie en France et vit en colocation avec Rwan, une Syrienne attachée à sa portion de viande. Ce qui ne les empêche pas de s’enrichir de la découverte de leurs cuisines respectives lors des repas pris en commun.
Dans la colocation quels aliments partagez-vous? Comment gérez-vous ta particularité alimentaire?
Je suis végétarien donc on ne partage pas tout dans notre alimentation. Mon amie ne l’est pas mais elle cuisine des plats syriens qui me conviennent et c’est délicieux. En Syrie, ils ont beaucoup de choses qui n’existent pas au Yémen. J’ai découvert des plats que je n’avais jamais goûtés et maintenant je mange les mêmes choses que Rwan. Par exemple les Fatouches, elle appelle ça Papa Ghanouge, Makdouce peut-être..! En tout cas c’est très bon.
Le fait de cuisiner et de manger ensemble, ça a de l’importance ?
Oui c’est important parce que c’est un moment à part comme on se voit peu dans la journée. On a chacun nos cours et on se retrouve seulement le soir. Le moment de cuisiner c’est vraiment un temps de partage et de discussion, chacun raconte sa journée à l’autre. Selon les repas que l’on prépare, on peut y passer 30 minutes, d’autres fois une heure, surtout si on discute, on prend vraiment le temps. Aussi, comme on cuisine ensemble on peut expliquer à l’autre l’importance des ingrédients dans les plats selon les régions par exemple. Ça me permet de parler de mon pays. Souvent on parle des différences entre les ingrédients, il y a des choses que je cuisine seulement dans les plats froids et elle dans les plats chauds, c’est assez drôle. Après avoir cuisiné on mange ensemble, c’est encore un moyen de partager sur ce que chacun a fait dans sa journée, c’est très important pour moi. Et surtout je suis très heureux quand elle aime ce que j’ai préparé !
Ressens-tu le besoin de reproduire des recettes traditionnelles et de les faire découvrir à ta colocataire?
Le fait de faire découvrir des plats typiques de nos pays est très important car cela nous permet d’échanger sur nous et sur notre culture. Parfois quand je prépare certains plats, je me rappelle des anecdotes et moments passés avec ma famille ou mes amis. C’est mieux de pouvoir partager ses souvenirs avec quelqu’un. On se parle souvent des traditions qui accompagnent les plats, par exemple la soupe sucrée que l’on sert aux femmes qui viennent d’accoucher en Syrie.
Comme vous avez des régimes assez différents, comment vous organisez-vous pour les courses et le budget alimentation ?
Si on va faire les courses ensemble, on partage moitié-moitié. Mais comme je suis végétarien et que Rwan aime beaucoup la viande, elle paye ce qu’elle achète. En moyenne on dépense entre 150 et 200 euros par mois pour la nourriture. On partage le thé, l’eau, le pain, la farine ou les pâtes par exemple. C’est ce qui est spécifique et qu’on est seul à manger qu’on achète chacun de notre côté. Par exemple, j’achète des yaourts spéciaux qui sont au lait de soja, elle n’aime pas ça donc c’est ce genre de produits qu’on ne partage pas du tout.