L’allergie alimentaire, un handicap

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Comme le reste de la population, les étudiants souffrent d’allergies alimentaires.Vivre avec suppose une attention de tous les instants pas toujours facile à vivre, surtout si l’on mange au restaurant universitaire. Explications avec une étudiante dijonnaise.

Les allergies alimentaires ne vont pas en reculant. En 1970, seulement 1% de la population était concerné. Si elles ne représentent que 8% des allergies, elles sont de plus en plus fréquentes et ont doublé en dix ans. On estime qu’une personne sur 10 est touchée dans notre pays par une allergie alimentaire qui, dans les cas les plus graves, peut aller jusqu’au choc anaphylactique, voire la mort.

Qu’est ce qu’une allergie alimentaire ?

L’allergie alimentaire résulte d’une réaction anormale de notre système immunitaire contre un aliment en particulier. En temps normal, le système immunitaire nous aide à combattre les bactéries, les virus et d’autres organismes minuscules qui peuvent nous rendre malades.

Toutefois, chez les personnes atteintes d’une allergie alimentaire, le système immunitaire considère, par erreur, une substance contenue dans un aliment donné comme dangereuse pour la santé. On appelle cela un allergène.

Cette réaction peut se traduire par des symptômes variés, comme l’urticaire, l’enflure de la bouche, qui rendent difficile la distinction entre l’allergie et l’intolérance.

Notre mode de vie à l’index

D’après les spécialistes, les allergies alimentaires sont en augmentation, car notre mode de vie et notre environnement dérèglent notre système immunitaire. Toutes les personnes sont “colonisées” par des microbes, qui sont bons pour la peau et qui éduquent notre système immunitaire. Ces microbes changent en fonction de l’environnement qui nous entoure. Mais il arrive parfois qu’ils ne parviennent pas à faire correctement leur travail. Cela explique la déviance vers des allergies alimentaires.

La pollution est elle aussi facteur de développement de nouvelles allergies et d’asthme. En effet, les allergies respiratoires et alimentaires sont souvent liées.

L’avènement de l’alimentation industrielle et de plats cuisinés est aussi en cause. Ils contiennent de nombreux ingrédients qui augmentent le nombre d’allergènes potentiels. Ce sont des substances souvent masquées qui contiennent des additifs de nature protéique comme le blanc de poudre, la poudre de lait, la caséine.

Des étudiants pas épargnés

Les étudiants n’en sont pas plus préservés, comme en témoigne Thifaine, 19 ans, étudiante en 2ème année de droit : “Je suis une grande allergique aux fruits à coque, exceptés les noisettes, les amandes, et les cacahuètes”.

Thifaine a développé cette allergie à la naissance. Cela renvoie à l’allergie à l’arachide, allergie alimentaire très fréquente qui se développe pendant l’enfance, à partir de 3 ans. Elle persiste à l’âge adulte, rendant l’alimentation de ceux qui la développent très handicapante.

En effet, l’arachide est de plus en plus utilisée dans notre alimentation pour sa valeur nutritive. Son faible coût et sa qualité à rendre de nombreux aliments gustativement meilleurs et plus consistants, conduit à sa présence dans une grande majorité des produits que l’on consomme au quotidien.

Attention de tous les instants

Vivre avec une allergie alimentaire au quotidien est très handicapant. Thifaine elle, a pris l’habitude des gestes à faire.

“Je lis les étiquettes des produits nouveaux avant de les consommer. Je demande aussi des informations à chaque fois que je mange à l’extérieur pour connaître la composition exacte de ce que je consomme.”

Cette ritualisation alimentaire est obligatoire afin d’éviter tous dangers. En cas de réaction liée à la prise d’un allergène, Thifaine porte en permanence sur elle une trousse avec les médicaments pouvant lui sauver la vie en cas d’ingestion accidentelle.

L’entourage a également un rôle à jouer pour aider les étudiants allergiques. “Les spécialistes m’ont conseillé d’être toujours très prudente, de prévenir les membres de mon entourage de mon allergie dans l’objectif qu’ils puissent traiter les premiers symptômes en cas de réaction allergique”, détaille Thifaine.

Restos U : un rôle à jouer

Les restaurants universitaires, les RU comme disent les étudiants, sont des endroits de rencontre, de passage, mais surtout le moyen de manger un repas chaud, équilibré et pas cher. Une grande majorité des étudiants s’y rend quotidiennement.

Pas si simple pour les étudiants allergiques qui doivent faire très attention aux éventuels allergènes. Certains restaurants étiquettent leurs plats en précisant leur composition. Mais ce n’est pas le cas de tous les RU et c’est un manque.

“Les restaurants universitaires pourraient étiqueter les produits en mentionnant leur composition et les allergènes s’y trouvant ” regrette Thifaine.

Et c’est vrai, aucune signalétique concernant les allergènes n’est présente dans les restaurants universitaires dijonnais. Seul un classeur répertoriant ces points existe. “Il faut le demander au personnel de cuisine, il se trouve dans le bureau du chef de cuisine” rapporte Celine Cunin, responsable du RU Mansart. Des informations qui semblent toutefois mal connues des étudiants. Et un point qui pourrait être rapidement corrigé, au vue des nombreux restaurants universitaires qui ont déjà pris en compte ce sujet.

Maxime Papon

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