CHU de Dijon : « Soigner un mal être »

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Jean Michel Boyer, infirmier en addictologie au CHU de Dijon, aborde son rôle de coach auprès de patients qui luttent contre leurs addictions. Un comportement qui résulte d’une difficulté à surmonter les obstacles de la vie.

Comment se déroulent les consultations avec les patients ?

Je reçois des gens en consultation qui veulent faire un bilan de leur consommation de  produits  psychoactifs et qui veulent arrêter ou diminuer. On essaye de comprendre la personne, d’évaluer sa consommation et surtout de déterminer ce qui l’a amenée à consommer. Il y en a qui viennent de leur propre gré parce qu’ils ont eu une prise de conscience. D’autres sont poussés par leurs conjoints, leurs parents, leur frère, leur patron ou encore la justice. En général ceux qui viennent ici ont déjà essayé d’arrêter mais n’y sont pas arrivés. Moi je suis là pour les aider, je dirai que j’ai un rôle de coaching. Tout le monde vient chercher quelque chose de différent, mais il y a beaucoup de gens qui viennent chercher une énergie dans notre service d’addictologie.

Ils ont donc conscience de leur problème, comment l’expliquent-ils ?

La plupart savent expliquer pourquoi ils en sont arrivés là. Ici, on voit beaucoup de gens qui essayent de soigner un mal-être avec des substances. La personne répète son fonctionnement et instaure une centration avec le produit. On parle du modèle trivarié dans une conduite addictive: il y a une personne, un produit, et un contexte. La première
prise a souvent lieu pour palier ou surmonter une épreuve. On constate donc deux tendances de consommation, la relaxation ou la stimulation. Dans les années 70 on prenait du cannabis pour se détendre, désormais j’ai l’impression qu’on en prend pour se stimuler.Les produits psychoactifs ont toujours été là et ils seront toujours là, par contre ils peuvent avoir des rôles un peu différents. Aujourd’hui, on est dans un rythme très soutenu avec une image du « winner » qui doit obtenir des résultats au travail ou même dans le milieu du sport. Je crois que chaque période a ses produits mais on est tous différents, il y a des personnes plus sensibles et qui vont être plus facilement accrochables par un produit.

Quelles actions de prévention menées vous auprès des plus jeunes ?

Aujourd’hui on fait plus de prévention, ce n’était pas aussi évident il y a 30 ans. Mon équipe et moi faisons de la prévention dans les lycées, à Charles de Gaulle notamment. Je fais également partie de l’antenne médicale de prévention du dopage, donc j’interviens dans les clubs ou les lycées sportifs comme Hyppolite Fontaine, ou le lycée Antoine à Chenôve. Et puis à Dijon, nous avons des partenaires qui sont là depuis des années qui font de la prévention et de la lutte contre l’addiction, la SEDAP, l’Association du Renouveau, la Santoline, le CHS. Mais il n’y aura jamais assez de prévention.

Propos recueillis par Léa CHIMENE

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