Lucia :  » Un cercle vicieux « 

Dans le(s) Magazine(s) :
Mots-clefs :

Lucie*, jeune maman de 22 ans, confie sa difficulté à en finir avec le cannabis. Entre crises familiales et grossesse, son addiction est un frein à son épanouissement.

La première fois que j’ai essayé c’était à un festival avec des amis un peu plus vieux. Ils fumaient, alors assez naturellement ils m’en ont proposé. Je me suis laissée porter par l’ambiance et je me suis dit pourquoi pas. J’ai adoré les effets. Puis en soirée j’ai continué à fumer avec eux, de temps en temps.

Je ne sais pas vraiment à quel moment je me suis mise à fumer toute seule. Au début, je fumais le soir juste avant d’aller me coucher car le cannabis m’aidait à m’endormir. Puis j’ai eu envie de ressentir cette sensation d’apaisement tout le temps. Je me suis mise à fumer de plus en plus, toute seule ou avec mes amis. Je suis arrivée à un stade où je fumais même le matin au réveil. Je vivais chez mes parents et c’était compliqué. Je suis très proche de ma maman et après plusieurs disputes, j’ai voulu me reprendre en main. J’ai toujours su que c’était mal ce que je faisais mais je ne trouvais pas la motivation pour arrêter. Après ça, j’ai réduit ma consommation.

J’ai réduit mais je n’ai jamais réussi à arrêter définitivement. Parfois je le regrette. Lorsque je suis tombée enceinte de Charly, mon petit garçon, j’ai décidé de tout arrêter. Je voulais le meilleur pour ma grossesse. Je fumais quelques cigarettes mais pas de cannabis. Le problème c’est que mon compagnon, lui, fumait dans notre appartement. C’était compliqué de le voir fumer des joints. Il ne m’a jamais incité à reprendre. Le problème c’est qu’on est jeune et on aime recevoir des amis à la maison. Ils boivent un peu et en fin de soirée ils fument des joints chez nous. Alors un soir j’ai tiré une latte**, puis deux, puis à chaque soirée. Voilà comment je suis restée dans ce cercle vicieux. Je me disais que c’était plus naturel que les cigarettes. Je ne fumais pas tous les jours mais c’est vrai que quelques lattes le soir ça ne me dérangeait pas. A côté de ça, je ne touchais pas une goutte d’alcool et je faisais attention à ce que je mangeais. Mon compagnon est cuisinier alors ça aide.

Mon petit homme est en très bonne santé. Je ne dis pas que fumer du cannabis pendant ma grossesse ait été une bonne chose. Si c’était à refaire, je ne sais pas si je recommencerais, mais les choses se sont déroulées comme ça et mon enfant n’a pas eu de séquelle. Vous savez, c’est compliqué d’être une jeune maman. Je me suis beaucoup remise en question pendant ma grossesse et j’ai perdu mon emploi. Fumer un petit peu de temps en temps a été un moyen de relâcher la pression.

*Le prénom a été modifié

** prendre une bouffée

 

Propos recueillis par Manon Soeiro

Aller à la barre d’outils