le mur en mémoire…ou pas
Dans le(s) Magazine(s) : n°9 novembre 2019
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Allemandes toutes les deux, elles sont venues sur le campus dijonnais pour y poursuivre leurs études, Éliane de Hanovre et Chantal de Mayence. Trop jeunes pour avoir vécu la chute du Mur, elles évoquent ce que cet évènement historique représente aujourd’hui pour elles. D’origine polonaise, Chantal porte un regard particulier sur le passé. Sa mère …
Allemandes toutes les deux, elles sont venues sur le campus dijonnais pour y poursuivre leurs études, Éliane de Hanovre et Chantal de Mayence. Trop jeunes pour avoir vécu la chute du Mur, elles évoquent ce que cet évènement historique représente aujourd’hui pour elles.
D’origine polonaise, Chantal porte un regard particulier sur le passé. Sa mère s’est installée en Allemagne un an après la chute du Mur et son père il y a quelques années seulement, après avoir passé de nombreux tests afin d’acquérir la nationalité allemande. Ses parents ayant vécu dans un pays du bloc soviétique, ils ont fait l’expérience d’un régime communiste et de ses dérives autoritaires. Comme en RDA, la vie est contrôlée, les personnes ne circulent pas librement. « Ils m’ont raconté que tu ne pouvais pas voyager partout où tu le voulais, explique-t-elle. Pour les biens de consommation, c’était la même chose, on ne trouvait pas de bananes par exemple !
Installées à l’Ouest, les parents d’Éliane n’ont pas connu toutes ces interdictions. Et la chute du Mur n’a pas vraiment changé leur vie quotidienne. « Dans mon cercle amical, le sujet n’est pas abordé, souligne-t-elle, tout simplement parce qu’on n’appartient pas à la même génération. »
De fait, aujourd’hui, Berlin est avant tout un symbole de tourisme. Elles s’y sont rendues lors de voyages scolaires ou entre amis pour une visite de la capitale allemande. « Check Point Charlie est un endroit à voir car il est situé dans un quartier cool. C’est un lieu pour les instagramers, ceux qui aiment la photo. Les jeunes n’y vont pas pour rendre hommage à ceux qui ont fait tomber la dictature, affirme Chantal, ce n’est pas leur motivation première. »
Avec l’effondrement du Mur, le clivage Est-Ouest aurait-il disparu ? Non, affirment-elles toutes deux, il existe bien même parmi les jeunes : à l’Ouest, les habitants de l’Est sont perçus comme des personnes « fermées d’esprit » dont la mentalité et les valeurs sont bien différentes.
Propos recueillis par Manon Guillon