Deux frères, deux agricultures
Dans le(s) Magazine(s) : N°10 juin 2021
Mots-clefs : éleveur, maraîcher
Dans le Sud nivernais, les frères Léger partagent leurs quotidiens, entre élevage bovin et maraîchage biologique. Il est 7h30, dans le village de Lucenay-lès-Aix, un lundi de février. Avec près de dix degrés, le temps est plutôt doux pour la saison. Pomme, la jeune labrador marron, s’approche la première pour m’accueillir, suivie de près par …
Dans le Sud nivernais, les frères Léger partagent leurs quotidiens, entre élevage bovin et maraîchage biologique.
Il est 7h30, dans le village de Lucenay-lès-Aix, un lundi de février. Avec près de dix degrés, le temps est plutôt doux pour la saison. Pomme, la jeune labrador marron, s’approche la première pour m’accueillir, suivie de près par Bertrand. Grand et fin, il a le sourire aux lèvres, l’air enthousiaste. Chez les Léger, le travail agricole est une question de tradition qui se transmet de père en fils. Même Roger, l’ouvrier agricole, travaillait déjà pour son père.
Alors que nous faisons le tour des trois stabulations de l’exploitation, les bruits de pas et le meuglement des bêtes brisent le silence. Chaque matin, Bertrand souhaite le « bonjour » à son troupeau. « Ça n’est pas toujours facile mais voir les veaux en bonne santé est une récompense. » En effet, notre rencontre se déroule en pleine période de vêlage : près de 230 veaux vont naître en quelques semaines seulement. « Les journées sont très rythmées, explique-t-il, et ne laissent pas de place au repos. » L’élevage oblige l’agriculteur à endosser plusieurs rôles : cuisinier, vétérinaire pour prodiguer aux veaux et à leurs mères des soins quotidiens, sage-femme, mécanicien, cultivateur, sans compter le travail administratif indispensable au bon fonctionnement de la ferme. Heureusement, la mécanisation de l’agriculture lui permet de gérer tout cela.
« Tu veux un café ? » m’interpelle Julien à mon arrivée. Chaleureux et passionné, il habite un corps de ferme à quelques centaines de mètres de son frère. C’est en 2018, à 29 ans, qu’il s’est lancé dans le maraîchage biologique. Après l’obtention d’un BTS agricole, comme Roger, il devient dans un premier temps ouvrier agricole et pompier volontaire en parallèle. Il décide ensuite de changer de voie en travaillant dans les ambulances privées. Au contact de malades cancéreux, sa sensibilité à la cause environnementale est croissante, il tourne la page et revient aux champs pour que « bien manger ne soit pas un luxe. » Comme un ovni dans le sud de la Nièvre, son exploitation de maraîchage biologique en a étonné plus d’un. Son souhait était de produire « à échelle humaine » pour être au contact de la terre et des gens. Pour le moment, il s’occupe des pousses, encore au chaud sous la serre. Celles-ci méritent toute son attention car elles lui assureront, il l’espère, une belle récolte de fruits et légumes au printemps. De la production à la vente, Julien met tout en œuvre pour polluer le moins possible. Il vend une partie de ses récoltes à des magasins spécialisés situés à proximité, parfois à des collectivités locales mais aussi à la ferme. Il privilégie les emballages en tissu ou en verre. Et pour éviter le gaspillage, son surplus est transformé dans une usine locale en aliments pour bébés.
Julie Papillaud