La protéodie ou comment chouchouter les légumes
Dans le(s) Magazine(s) : N°10 juin 2021
Mots-clefs : maraîcher, musique
Au Jardin du père Guyot, le plus grand maraîcher de l’Aube, on diffuse de la musique aux endives pour stimuler leur pousse et leur goût. C’est à l’écart de Rumilly-Les-Vaudes que les parents de Cédric Guyot, alors cultivateurs de fraises, se sont installés en 1982. 40 ans après, son épouse, Sophie, se remémore les débuts …
Au Jardin du père Guyot, le plus grand maraîcher de l’Aube, on diffuse de la musique aux endives pour stimuler leur pousse et leur goût.
C’est à l’écart de Rumilly-Les-Vaudes que les parents de Cédric Guyot, alors cultivateurs de fraises, se sont installés en 1982. 40 ans après, son épouse, Sophie, se remémore les débuts de l’exploitation qui produisait exclusivement le fruit rouge : « Ma belle-mère était très gourmande, elle adorait les fraises. Les clients ont apprécié leur qualité et réclamé d’autres fruits et légumes. » Désormais, en hiver, le couple fait pousser des endives, des poireaux, du cresson, des pommes de terre, de la mâche et des épinards. « Durant la période estivale, souligne Cédric, on attire les clients avec les fraises et les tomates, ce sont des produits d’appel ! »
Autre changement, l’usage de la protéodie. Ce procédé consiste à diffuser une musique qui permettrait de stimuler la production de protéines chez les plantes. « Ça peut paraître drôle ou loufoque, j’étais moi-même le premier étonné » avoue Cédric, une main posée sur un gros cube blanc équipé de quatre hauts-parleurs. Cette enceinte, rendue autonome grâce à un panneau photovoltaïque, diffuse deux fois par jour durant dix minutes de la musique aux légumes. « C’est une expérimentation mais pour l’instant ça marche. Ce n’est pas de la musique comme sur NRJ mais les voisins en profitent aussi [rires]. Si elle adresse aux légumes l’information qu’il fait plus chaud, alors ils poussent plus vite. On peut aussi relever de cette manière les saveurs des légumes. » En résumé, grâce aux ondes, les courgettes sont plus sucrées ici qu’ailleurs.
La propriété recouvrent 28 hectares. Dans la serre n°1, le bruit des éplucheurs d’endives de terre se marie à la bonne humeur de Cédric. Pendant que plusieurs employés sont de corvée d’épluchage, il motive ses troupes et énonce sa conception de la vente : « On ne fait pas de prix fracassants, je n’aime pas ça : si le produit n’est pas bon, on ne le vend pas. » Une anecdote à ce propos circule au sein du Jardin comme une légende. À l’époque du premier Père Guyot, un producteur propose au maraicher des pommes « pas très belles ». Il les accepte et les met en vente à un petit prix : 1 franc. « Les clients n’en voulaient pas, assure Sophie. Alors les parents ont eu l’idée de le relever à 4 francs. Et là, tout est parti très vite. Ah ! j’en ai entendu parler de cette histoire… »
Louison François