Élections régionales : désaffection chez les jeunes
Dans le(s) Magazine(s) : n°11 avril 2022
Mots-clefs : élection régionale 2021
En dépit d’une campagne de mobilisation sur les réseaux sociaux pour inciter les 18-25 ans à aller voter, la jeunesse a boudé les isoloirs. Et cela inquiète les politiques.
Les urnes n’ont pas débordé les 20 et 27 juin 2021 lors des élections régionales. Toute tranches d’âge confondues, le taux d’abstention s’est élevé à 65,7% au second tour. Un chiffre inédit, en partie dû à l’abstention des jeunes. « Chez les 18-24 ans, ils sont 84% à avoir boudé les urnes, contre 76% en 2015 » souligne Le Figaro au lendemain du premier tour. L’hebdomadaire L’Obs constate que la classe d’âge à s’être le plus mobilisée est celle des plus de 70 ans. Plus l’électorat est jeune, plus le taux d’abstention est élevé.
Le journal Libération remarque que « les jeunes plutôt en réussite scolaire se sont un peu plus déplacés, grâce sans doute à la médiatisation un peu plus forte des élections entre les deux tours ». Une campagne ratée ou une jeunesse désintéressée ? Le sociologue Vincent Tiberj répond à cette question dans Le Monde. Il explique ce taux d’abstention inédit des jeunes par l’enjeu des élections. Les 18-25 ans se sentiraient d’avantage concernés par le choix du représentant de l’État plutôt que par celui du représentant de leur Région. C’est pourquoi Libération titre « Les abstentionnistes d’aujourd’hui seront des votants de la présidentielle ». Si un jeune sur 10 est allé voter aux régionales, les élections présidentielles de 2022 ne seront pas aussi pauvres. Une politologue observe de manière plus générale dans La Croix « une désaffection croissante des élections intermédiaires, mais la présidentielle continuera à mobiliser assez massivement. »
La jeunesse considère aussi qu’il existe d’autres moyens de donner sa voix comme manifester, pétitionner, se mobiliser sur internet ou dans une association. Ils ne votent pas, mais ne sont pas désintéressés politiquement. « Il faut y voir davantage une transformation de la citoyenneté qu’une grave crise démocratique » ajoute Vincent Tiberj. Après les deux scrutins, Le Monde revient sur Quels enseignements tirer de cette abstention ? Selon Le Monde, « le gouvernementtente de cerner les raisons de la désaffection démocratique ». Des mesures vont être prises pour renforcer la mobilisation des électeurs. « Depuis trois mois, un groupe de travail […] planche sur les ”modalités d’organisation de la vie démocratique”.» Les Échos évoquent déjà certaines propositions. Jean-Luc Mélenchon veut faire reconnaitre les votes blancs. On parle aussi de rendre le vote obligatoire, de rendre possible le vote par voie électronique et d’opter pour un suffrage à l’anglaise où « on vote traditionnellement le jeudi, et lors des dernières élections générales, environ deux tiers des inscrits se sont déplacés ». Autant de solutions ou d’hypothèses qui pourraient peut-être ramener les jeunes aux urnes.