« Un retour aux sources »
Dans le(s) Magazine(s) : N°10 juin 2021
Mots-clefs : agriculture bio, circuit court
La Localerie grayloise a vu le jour en novembre 2020. Elle propose des produits d’agriculteurs et de producteurs situés aux alentours de la ville de Gray. Une heure avant l’ouverture, Marie Blavier, grande, brune, pleine d’énergie, me reçoit dans le magasin un café à la main. Les légumes sont rapportés de la chambre froide. Elle …
La Localerie grayloise a vu le jour en novembre 2020. Elle propose des produits d’agriculteurs et de producteurs situés aux alentours de la ville de Gray.
Une heure avant l’ouverture, Marie Blavier, grande, brune, pleine d’énergie, me reçoit dans le magasin un café à la main. Les légumes sont rapportés de la chambre froide. Elle vérifie les dates limite de consommation de chaque produit. Les portes s’ouvrent et les premiers clients et producteurs font entrer de l’air frais à l’intérieur.
La Localerie grayloise a ouvert ses portes avant le second confinement. « On trouvait qu’il n’y avait pas d’offre de ce type sur Gray » explique Marie, gérante du magasin. Tout ce qui est proposé aux clients est originaire d’une production locale, dans un rayon de 100 km dont l’épicentre est Gray. Les producteurs viennent y livrer leurs produits. Via un réseau intranet, ils peuvent suivre en temps réel l’état du stock. S’il manque quelque chose, ils viennent mettre en rayon le produit manquant. « Les agriculteurs s’autogèrent. L’idée est née pendant le premier confinement, souligne-t-elle. On avait ces locaux qui nous appartenaient et pendant les premières mesures sanitaires le marché de Gray était fermé. On a autorisé un locataire de venir vendre ses produits ici et tout s’est bien passé. »
Jonathan Lebeau, agriculteur bio depuis 2017, a connu la Localerie par un collègue de travail. Lorsque j’arrive chez lui, à Tréclun, un bruit de tracteur se fait entendre au loin, la campagne est calme et le soleil me réchauffe le dos. Jonathan descend du véhicule et m’invite à visiter son moulin à farine. Une partie de sa récolte est entreposée dans son garage tout neuf. Sur ses 14 productions (seigle, épeautre, lentilles, sarrasin…) et 20 prairies, tout est bio. Le concept de la Localerie lui a plu tout de suite. « L’avantage c’est que ça me permet de gagner du temps plutôt que de faire de la vente directe. Là, on regroupe tous nos produits et l’intranet est bien pratique pour contrôler les stocks disponibles. »
Selon une étude de Bienvenue à la ferme et IPSOS, 80 % des consommateurs déclarent acheter des produits locaux, près de 4 personnes sur 10 disent le faire régulièrement. On assiste ainsi à une véritable révolution dans les assiettes. « On a des clients de plus en plus jeunes qui viennent à la boutique et je pense qu’ils ont cette conscience-là. C’est ni plus ni moins un retour aux sources, déclare Marie. Je pense sincèrement que les consciences s’éveillent et qu’il était temps. On a envie de savoir ce que l’on mange, il y a une préoccupation au niveau de la trace carbone. » Selon l’agence de la transition écologique, notre alimentation contribue à 25% des émissions de gaz à effet de serre. Aujourd’hui, les individus cherchent des informations lisibles et fiables sur les aliments qu’ils vont consommer. On voit apparaître des projets pour relocaliser les produits agricoles, soutenir les agriculteurs ou encore encourager les achats locaux. Améliorer la qualité de notre alimentation a pris de l’ampleur avec la crise du Covid, manger local et consommer moins de viande est devenu primordial dans les habitudes des Français et c’est l’action de quelques personnes qui permet de dessiner un avenir plus durable.
Elia Gradoz