« S’accorder du temps pour manger »
Dans le(s) Magazine(s) : n°2 mars 2018
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Entretien avec Didier Perrin, diététicien-nutritionniste à Dijon depuis 14 ans. Spécialisé dans les problèmes de poids et dans les troubles nutritionnels, il répond aux questions sur le comportement alimentaire des étudiants en période d’examen.
Quels problèmes le stress peut-il générer ?
Pour certains, le stress va leur couper l’appétit, et d’autres vont avoir besoin de décompresser, de manger de façon impulsive des aliments plutôt gras pour apaiser leur angoisses. Lorsqu’une personne apaise son stress en mangeant, cela engendre une prise de poids et renforce un mal-être. C’est un cercle vicieux car on se dit : « Je suis stressé, je ne me sens pas bien, je mange, je me vois prendre des kilos, donc je me sens encore moins bien et je vais avoir un facteur de stress supplémentaire ! »
Y a-t-il une disparité de niveau de stress entre hommes et femmes ?
Ma réponse est biaisée puisque 80% de ma patientèle est constituée de femmes. Mais je pense que les hommes ne gèrent pas le stress de la même façon. Ils évacuent leur angoisse plus par le sport ou un peu d’alcool que par leur alimentation. Les hommes et les femmes n’ont pas le même lien à l’alimentation et pas le même lien au corps. De façon générale, un homme se préoccupera moins de son poids qu’une femme. Il y a des aspects physiologiques et hormonaux qui rentrent en compte.
Comment adapter son alimentation en période d’examen ?
Il faut s’accorder du temps pour manger. Notre alimentation est notre carburant et dans les moments de révisions intenses, notre cerveau consomme beaucoup d’énergie. Cela nécessite donc des apports alimentaires particuliers et notamment l’apport de glucides tels que le riz, les pâtes, les légumes secs. Si l’on néglige des repas, notre cerveau va réclamer de l’énergie sous forme pulsionnelle, et l’on se dirigera vers des aliments sucrés. Ce n’est pas parce que l’on va prendre une heure pour se préparer et manger un repas, que l’on va perdre du temps dans les révisions. On va au contraire gagner en productivité !
Quels sont les aliments à proscrire ?
Il n’y a pas d’aliments particuliers à éviter. Il ne faut pas éviter de manger tel ou tel aliment, car cela peut être une source de stress supplémentaire. Aujourd’hui, il y a beaucoup trop d’informations, si on écoute tout le monde, on ne mange plus rien. De façon générale, il faut éviter de mettre des interdits. Mais, par contre, c’est bien de prendre un temps pour les repas : petit déjeuner, déjeuner, éventuelle collation l’après-midi et dîner.
Peut-on éliminer le stress grâce à une alimentation bien choisie ?
Non, ce n’est pas l’alimentation qui est source de stress. Il faut apprendre à réguler son stress autrement, par exemple faire des exercices de sophrologie, de méditation. Il faut plutôt travailler son état d’esprit que l’alimentation. Ce n’est pas l’alimentation le problème, c’est soi-même, avec les objectifs que l’on se fixe et la pression que l’on se met ou que les autres nous mettent.
Avez-vous des conseils pour ces étudiants ?
Pour quelqu’un qui va être « paralysé » par le stress, je lui conseillerais d’essayer de ne pas sauter de repas. La problématique des étudiants est que face au stress, ils vont passer beaucoup de temps à réviser et vont complètement négliger leur repas. Je conseillerais également d’éviter le grignotage et de privilégier un vrai repas.
Propos recueillis par Océane Fiaschi