SEDAP à Dijon : « Travailler avec les parents «
Dans le(s) Magazine(s) : n°3 avril 2018
Mots-clefs :
Tiphaine Segard, psychologue, et Lise Delay, assistante sociale, travaillent ensemble à la Société d’Entraide et d’Action Psychologique (SEDAP). Elles insistent sur l’importance des parents pour aider les jeunes à sortir de l’addiction.
En tant qu’expert en addiction, quelles démarches employez-vous pour soigner ces personnes ?
A la Sedap, nous travaillons beaucoup sur l’éducatif. On pose un cadre, on essaye de définir avec les parents ce qui serait le plus adapté au jeune dans sa situation, comment les parents peuvent accompagner leur enfant à l’utilisation des écrans, ce qui intéresse le jeune dans le jeu vidéo. Il faut que les parents s’intéressent au jeune pour établir un équilibre entre le temps passé à jouer et tout ce que le jeune doit pouvoir réaliser dans sa vie quotidienne, réussir à avoir une vie extérieure riche. On ne pourrait pas travailler avec des jeunes sans travailler avec les parents. C’est important de savoir que nous ne sommes pas dans l’arrêt de l’addiction mais dans la diminution.
Comment se traduit l’addiction chez les patients ?
On va retrouver toutes les conséquences négatives quand le jeune ne peut pas avoir accès à son ordinateur ou à sa console : l’anxiété et les symptômes de manque. Au départ, ils connaissent une certaine frustration quand ils sont dans l’incapacité de jouer. Puis cette frustration évolue. On passe du loisir à l’addiction. Les proportions peuvent varier : des pleurs, des cris voire des coups. En général, la famille ou le conjoint l’oriente vers nous. Ils s’en rendent compte par un nombre d’heures passées devant les écrans, un retard scolaire voire une déscolarisation, des absences en cours, une modification du rythme de sommeil. Les conflits avec les parents se multiplient.
Qu’est-ce qui pousse une personne à se réfugier dans cette addiction ?
Il peut y avoir plusieurs facteurs : un attrait pour l’écran parce que cela lui apporte certainement quelque chose de positif en terme de relation social ou du plaisir à jouer, à réussir des niveaux et à augmenter dans les compétences de jeu. L’évasion au travers des séries suite à des difficultés dans sa vie quotidienne qui l’inciterait à se réfugier dans un univers fictif. De plus, une situation familiale difficile, des troubles anxieux, une phobie scolaire ou des troubles psychiatriques plus importants peuvent être les raisons de cette addiction. La personne est généralement introvertie, réservée, timide. Elle passe par des médias comme un réseau social ou les jeux en réseaux qui sont plus addictifs car il y est plus facile de se faire des « amis ».
Propos recueillis par Jolen Lo-Arnoult et Perrine Lods.