« A l’infirmerie, nous sommes dans la prévention. »
Dans le(s) Magazine(s) : n°3 avril 2018
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Anne Sangouard, infirmière au lycée Simone Weil de Dijon, intervient dans les classes pour prévenir la consommation de cannabis chez les élèves et orientent ceux qui viennent lui demander conseil vers des structures spécialisées.
Quelles sont vos actions de prévention ?
Nous travaillons avec la SEDAP (Société d’Entraide et D’Action Psychologique). Le directeur vient parler dans les classes des dangers des addictions en général. Nous sommes aussi en contact avec l’ANPAA (Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie). Ce sont nos deux principaux partenaires sur le sujet des addictions. Si nous voyons un élève plonger dans l’addiction, nous le dirigeons vers l’une de ces structures pour qu’il puisse recevoir des conseils plus avisés que les nôtres, et un suivi plus personnalisé. C’est aussi une affaire d’anonymisation. Les élèves se sentent plus rassurés dans des lieux où ils ne risquent pas de croiser quelqu’un qu’ils connaissent.
La prévention suffit-elle ?
Il faut associer prévention et répression. Ici à l’infirmerie, nous sommes dans la prévention, mais juste devant le portail du lycée il y a des revendeurs. Nous, nous ne pouvons pas faire de test de dépistage du cannabis, ce n’est pas notre rôle. Il n’y a que la police qui peut et qui a le droit d’en faire. Chacun a son rôle à jouer. Tous les ans, la brigade canine de la police vient au lycée sans prévenir, pour voir s’il y a des élèves en possession de drogue. Les chiens reniflent tous les sacs. Ça peut paraître radical, mais c’est efficace pour éviter un trop grand usage chez les jeunes.
Y’a-t-il différents stades dans la consommation ?
Je pense qu’il est important de distinguer les utilisateurs, il y a celui qui essaie pour voir ce que c’est, celui qui en prend occasionnellement et celui qui en consomme régulièrement. Des vrais addicts, nous n’en voyons pas souvent. Les élèves nous disent volontiers qu’ils fument des cigarettes, mais ils ne nous parlent pas du cannabis. Si un élève vient me demander de l’aide, je discute avec lui, j’essaie de voir s’il en prend souvent.
Que faites-vous dans ces cas-là ?
Ce n’est pas simple de trouver les bons mots. Nous, nous ne devons pas jouer sur le concept de « bien » et de « mal », leur dire « ce que tu fais c’est mauvais ». Nous devons les faire réfléchir par eux-mêmes, leur faire voir s’ils ressentent une baisse dans leurs résultats scolaires ou des difficultés dans leurs relations sociales. Ce que nous cherchons à faire, c’est de les rendre lucides sur leur situation.
Propos recueillis par Julie LANDRE et Romain LANTERNIER.
Pour en savoir plus sur la consommation de cannabis chez les jeunes, lire : Du cannabis dans le biberon