Semur-en-Auxois : » Pas de milieux protégés »
Dans le(s) Magazine(s) : n°3 avril 2018
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Le Docteur Jacques Cornet et la psychologue Stéphanie Louis, tous deux spécialistes addictologues au Centre hospitalier de Semur-en-Auxois, ont identifié des influences comportementales et environnementales favorisant l’addiction. Toutes les catégories sociales sont concernées.
Quel type de patientèle vient vous consulter ?
S.L. : Il y a une vraie différence d’âge entre les patients qui viennent pour une problématique d’alcoolo-dépendance, ils sont plus âgés ; et les jeunes qui viennent pour des problématiques de consommation de toxiques type cannabis, héroïne ou autres.
Dr C.J. : Pour un problème d’alcool, la moyenne d’âge des hommes se situe autour de 45-50 ans, quant aux femmes, c’est autour de 35 ans. Alors que chez les jeunes, la moyenne d’âge est de 25 ans.
Pourrait-on dresser le profil type d’une personne sujette aux addictions ?
Dr C.J. : Il n’y a pas de milieux protégés. Néanmoins les pathologies des addictions sont comportementales et environnementales. Le travail des pairs est très important : si un enfant est né dans une famille où la boisson est abondante, il aura de forte chance de boire aussi, car la boisson sera considérée comme une normalité.
S.L. : Les accidents de vie, les traumatismes, vont rendre la personne plus vulnérable, ce qui va la pousser à chercher un effet anxiolytique. C’est le point commun de tous nos patients.
Est-ce qu’il y a une différence entres les générations ?
Dr C.J. : La différence principale, c’est Internet. La facilité de la recherche donne accès aux jeunes générations à une multitude de nouvelles possibilités. Un de nos patients avait fait un véritable petit guide de tous les produits disponibles, dont nous ignorions même l’existence. Au niveau de la variété et de la variation des produits aujourd’hui, il y a un panel beaucoup plus important.
Comment travaillez-vous avec vos patients ?
Dr C.J. : Nous utilisons des questionnaires qui nous permettent d’évaluer le type d’atteinte.
S.L. : Nous faisons aussi de l’entretien motivationnel, avec différents outils. Par exemple, la balance décisionnelle : on va demander au patient les avantages et inconvénients de consommer, ainsi que ceux de s’abstenir, pour trouver des leviers de motivation. Il y a un travail de collaboration indispensable, je dis toujours aux patients que le meilleur pronostic, c’est l’association de la psychothérapie et de la chimiothérapie.
Propos recueillis par Noémie Sarem et Marie Teste