Me too dans la capitale des Ducs
Dans le(s) Magazine(s) : n°4 mai 2018
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Un rassemblement s’est tenu à Dijon le 25 octobre dernier pour dénoncer les comportements sexistes dans notre société.Une trentaine de femmes étaient présentes pour évoquer le harcèlement de rue et des mentalités qui n’évoluent pas assez vite.
A Dijon, une trentaine de femmes se sont retrouvées place Darcy à l’initiative d’Hélène Gauthier, qui a rassemblé les militantes via un groupe Facebook. Si toutes sont concernées quelque soit leur âge, les jeunes femmes ont particulièrement répondu présentes à l’appel. C’est notamment le cas de Justine, 25 ans. “Le harcèlement de rue, c’est quotidien. Tenez, pour écrire quelque chose sur ma pancarte, je n’ai eu besoin que d’un exemple vécu il y a dix minutes en venant au rassemblement. Ce sont des phrases lancées à la volée, dans la rue, sans contexte particulier.” confie-t-elle à un media local, Infos Dijon.
Margot, 22 ans, rejoint cette dernière en allant un peu plus loin. “Ça commence par un regard insistant, par une réflexion ou un sifflement. La plupart du temps, on ne répond pas car on sait que ça peut dégénérer. Alors on se réfugie dans notre téléphone ou dans nos écouteurs, même si on ne devrait pas se laisser faire. Mais on a peur de ce qui peut arriver ensuite : des insultes, de la violence, un viol ? On ne sait jamais jusqu’où ça peut aller.”
Le cortège a par la suite défilé dans les rues de la ville, en passant par la rue de la Liberté et la place de la Libération, comme un symbole.
Même inquiétude chez les femmes plus âgées, qui déplorent le manque d’évolution de notre société. Sylvie, 50 ans, raconte par exemple qu’il était “difficile d’être une femme dans les années 70” et que les choses n’ont “pas tellement changé”. “Pour les jeunes j’ai l’impression que c’est normal, comme dire bonjour. Cela me choque énormément” ajoute Karine, 44 ans. Mais ce combat ne concerne pas que les femmes. Les hommes – même s’ils étaient quasiment absents des manifestations – ont également été appelés à manifester dans le communiqué de l’appel national car “ils ont un rôle à jouer”.
Des réseaux sociaux à la rue
Tout a débuté avec l’affaire Harvey Weinstein. Le 5 octobre dernier, le célèbre producteur américain est accusé de harcèlement sexuel sur de nombreuses femmes. Dès lors, la parole se libère, et de multiples témoignages voient le jour. Sur les réseaux sociaux, les Hashtag #BalanceTonPorc et #MeToo sont lancés, et permettent aux citoyennes de rapporter leurs mésaventures quotidiennes. S’en suivent des mouvements solidaires qui aboutissent à des actions dans la rue.
Si des millions de femmes ont choisi de s’exprimer sur les réseaux sociaux, d’autres ont décidé d’agir dans la rue, en créant « #MeToo dans la vraie vie ». Des rassemblements qui avaient pour principal objectif d’interpeller et de recentrer le débat. Les femmes se sentent en effet délaissées par l’opinion publique, dans un combat pourtant fondamental. La journaliste Carol Galand, à l’origine de ce mouvement et rédactrice en chef du magazine QOA, a très vite appelé à manifester pour “faire de #MeToo autre chose qu’un buzz sur les réseaux sociaux ».