Années 60 : l’invention de nouvelles références
Dans le(s) Magazine(s) : n°4 mai 2018
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LECTURE. L’évolution des moeurs et la libération sexuelle sont des tenants de mai 68. Une période où les 18-25 ans ont tenté de comprendre les nouveaux codes de relations amoureuses. Anne-Marie Sohn décrypte dans son livre cette société en transition.
La vie amoureuse des 18-25 ans a bien évolué ces cinquante dernières années. Anne-Marie Sohn, historienne, est spécialiste du genre et de l’histoire de la vie privée dans le monde occidental. Elle a observé ces changement dans son livre Age tendre et tête de bois : Histoire des jeunes des années 60. Une étude construite autour de lettres de jeunes envoyées à Ménie grégoire, présentatrice culte de RTL, et d’une enquête sur la jeunesse.
1968 est considérée comme l’an 1 de la révolution sexuelle. La pilule se démocratise et engendre une plus grande tolérance envers les relations hors mariage. L’auteure le décrit ainsi : « Si ça s’est toujours fait, cela ne se disait pas. La nouveauté réside dans l’aveu tranquille ». La mixité généralisée et l’accroissement de la liberté des femmes conduisent à une augmentation considérable des partenaires potentiels. Les jeunes sont tentés de multiplier les expériences. La vie amoureuse est rythmée par l’infidélité et les ruptures, encouragés par un contexte d’éloignement avec le service militaire et la vie professionnelle.
Le mariage reste le but ultime des 18-25 ans. « Vieille fille », « retardé », « idiot » sont autant de qualificatifs utilisés par les jeunes non-mariés eux-mêmes. Un auto-dénigrement révélateur d’une pression sociale. A partir de 18 ans, le mariage est commun. Le flirt est révolu et l’engagement est de mise. les jeunes femmes prennent plaisir à s’imaginer à la tête d’une famille. indissoluble à l’époque, le mariage est synonyme de stress, ce qui entraine les futurs mariés à revenir sur leurs pas. Les couples se fiancent assez vite mais peuvent rompre juste après.
» Les expériences sont diverses et la jeunesse plurielle « , affirme l’auteure. Les jeunes vivent cette liberté commune de façon différente. Le genre, la classe sociale et la localité les différencient. Surprise-partie, café, cinéma pour les citadins. Fête au village, bal et fête foraine pour les ruraux. Le sport est aussi un marqueur de classe, c’est un signe d’ascension sociale. Les jeunes aisés se servent du tennis ou encore de l’équitation pour se différencier. Une stratégie qui se traduit souvent par de l’homogamie sociale, c’est à dire la volonté de trouver un conjoint dont le niveau social est équivalent au sien. La liberté éclatante des années 60 oblige les jeunes à inventer de nouvelles références.