Plus d’autonomie encore
Dans le(s) Magazine(s) : n°1 avril 2017
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Avant que les affaires nourrissent la prise de distance des Français à son égard, le candidat du parti “Les Républicains” a formulé plusieurs propositions pour l’université dans son programme de campagne.
Le modèle de quasi-gratuité des études universitaires et l’opportunité de s’y inscrire sans contrainte pourraient s’arrêter si le camp Républicain venait à remporter l’élection présidentielle le mois prochain. Dans son programme, François Fillon affirme en effet sa volonté de laisser les universités françaises fixer leurs frais de scolarité ou encore de sélectionner les candidats à l’entrée dans les établissements d’enseignement supérieurs.
Une hausse des droits d’inscription
“La vérité des coûts et des prix” doit guider les établissements qui auraient désormais la liberté de fixer les frais de scolarité. En licence, une augmentation progressive est prévue, avec un objectif de 500 euros par an, tout en continuant à en dispenser les étudiants boursiers. Aux niveaux master et doctorat, le candidat souhaite laisser les universités fixer librement les droits d’inscription « à l’intérieur d’une fourchette” : “dans la limite d’un plafond national, explique le programme, les conseils d’administration pourront fixer les frais de scolarité applicables en master et doctorat, en fonction des disciplines et des débouchés professionnels.” Cela ne serait-il pas un frein pour la formation des étudiants issus des classes moyennes qui ne bénéficient pas d’une bourse ? Le candidat évoque à ce propos un système actuel de bourses perfectible. Il est essentiel selon lui de renforcer la place du mérite dans leur attribution. “Il faut organiser la prise en charge financière adaptée des étudiants le nécessitant.”
Orientation directive et sélectivité des études
La mise en place d’une orientation sélective est également prévue. « Les universités feront connaître pour leurs différents parcours de licence les épreuves qu’elles recommandent vivement de choisir au baccalauréat ». Dans les filières en tension, cette mesure doit marquer « la fin de la sélection par algorithme ou tirage au sort » et la préférence « à ceux qui se sont préparés dès le lycée à la voie pour laquelle ils postulent et qui ont l’envie et le talent nécessaires pour y parvenir.” François Fillon a également l’intention de laisser les universités libres de sélectionner à l’entrée du master et de réserver plus de places aux bacheliers technologiques en IUT et BTS. Il s’agit également de donner aux universités toute liberté pour fixer leurs règles d’admission en Master.
Une plus grande autonomie
Les universités verront leur autonomie pédagogique et budgétaire grandir. Cela passe par la liberté pour créer des filières d’excellence “répondant aux besoins exprimés par la Nation”. Elles seront soumises à une évaluation qui portera sur la formation et l’insertion professionnelle et qui aura des conséquences directes sur le niveau de financement public de la structure.
Dans un contexte économique fragile, une hausse des frais d’inscription pourrait permettre aux universités de solidifier leur budget. Reste à voir si cette hausse des coûts d’inscription et la sélectivité des études ne seraient pas un frein à la formation.
Pauline Barbe