Cinéma : un moyen d’évasion pour les étudiants ?
Dans le(s) Magazine(s) : n°8 juin 2019
Mots-clefs : art, cinéma, Culture, Dijon, etudiants, evasion, le sorb'on, netflix, philosophie, télévision, thérapie, vie étudiante
Pour la cinquième année consécutive, la fréquentation des salles de cinéma atteint plus de 200 millions d’entrées en France selon le Centre National du Cinéma. Pourquoi un tel engouement et qu’apporte-t-il à son public ? Focus sur le rapport entretenu entre le cinéma et les étudiants, particulièrement friands des productions cinématographiques.
Les étudiants et la nécessité de s’échapper du quotidien
Le Sorb’on, journal étudiant collaboratif, s’est intéressé de près aux fréquentations des étudiants dans ces lieux culturels. Il a réalisé plusieurs entretiens avec des élèves de communication à la Sorbonne Paris 3. Par exemple, Clémence « a opté pour un abonnement mensuel dans tous les cinémas Gaumont pour 17€ par mois. C’est l’occasion pour elle d’être transportée dans un univers qui est éloigné du sien ». Antonin, lui, « cherche un sas où il coupe son téléphone et où son esprit se concentre sur quelque chose ». Ce qu’on semble d’emblée rechercher en visionnant un film dans les salles est alors avant tout un besoin de se divertir, de se déconnecter de la réalité. Toutefois, dans un sondage effectué à partir de 56 étudiants de toutes formations, âge et sexe et milieu sociaux confondus : le Sorb’on relève que 52% d’entre eux favorisent d’autres supports audiovisuels dont la télévision ou encore la plate-forme de streaming Netflix pour regarder des séries et des films. Binge-watcher chez soi, dans une zone de confort familière et simple d’accès participe donc désormais à ce processus de « se changer les idées », similaire aux salles. Les étudiants désirent surtout sortir de leur routine en suivant la vie imagée de personnages fictifs, dans des contextes différents des leurs : ils veulent appréhender de nouvelles sensations, de nouveaux horizons, de nouveaux savoirs.
Entre philosophie et psychanalyse : le cinéma perçu comme une thérapie personnelle
Le cinéma fait partie des neuf arts qui possèdent une histoire. L’inconscient collectif pense qu’il incite à s’extirper de la vie réelle durant un laps de temps défini à travers un montage de sons et d’images. Pourquoi ? Platon prétendait que « l’artiste imite la Nature, mais que le cliché qui résulte de son travail n’est pas fidèle à la réalité ». Un réalisateur propose ainsi aux spectateurs une vision subalterne de l’essentiel, de la vérité. Il joue avec les apparences et schématise un univers dans lequel son audimat ne s’identifie pas mais qui lui donne l’illusion de « voyager ». Pour Schopenhauer, a contrario, l’art permet de s’approcher du « noyau central de la Terre : c’est pourquoi nous nous sentons complètement absorbés dans la chose en question ». Le cinéma garantit ainsi de faire référence à la « réalité véritable ». Il offre une proximité intimiste avec la réalité, nous « fait vivre l’essence-même du monde ».
Dans une étude réalisée par l’Observatoire de la Vie Étudiante, les trois quarts des étudiants déclarent être allés au cinéma au moins une fois dans les 30 jours précédant l’enquête et ce, principalement dans un objectif de quête de l’effet de « catharsis ». En somme, le cinéma est une décharge émotionnelle qui nous encourage à nous purger de nos peurs, de nos traumatismes. Il symbolise une prise de conscience effective et, par conséquent, renvoie à l’idée d’évasion que stimule le septième art.