Du campus au désert marocain
Dans le(s) Magazine(s) : n°8 juin 2019
Mots-clefs : etudiants, evasion, voyage
Le 21 février dernier, les équipages ont débuté la grande aventure du 4L Trophy 2019, une course à but humanitaire réservée aux étudiants. Parmi eux, Mathilde Bercis et Caroline Valentin, en dernière année à l’Agrosup, École d’ingénieur agroalimentaire de Dijon, étaient au départ de Biarritz avec l’espoir de franchir la ligne d’arrivée à Marrakech le 3 mars. Je les ai rencontrées, quelques semaines avant le grand départ, quand cette aventure était en cours de préparation.
La nuit tombe sur le campus, Mathilde Bercis et Caroline Valentin sortent du bâtiment Agrosup et se dirigent vers leur 4L. Baptisée Cathilde, la petite voiture rouge aux sponsors discrets, trône fièrement sur le parking de la faculté. Elle participera bientôt à un voyage de 17 jours au départ de Dijon, avec à son bord la promesse d’une aventure haute en couleurs. C’est devant la machine à café de l’Agrosup puis dans Cathilde elle-même qu’elles m’ont expliqué l’intérêt de ce voyage.
Ce n’est pas tellement le dépaysement qui a attiré Caroline et Mathilde. Les deux étudiantes reviennent respectivement d’Espagne et du Japon, où elles sont restées six mois dans le cadre de leurs études. C’est bien le goût du défi qui les a mené à poursuivre ce projet : « ça m’a toquée comme ça ! Pour l’aventure, tester mes limites. Puis je me suis mise à la recherche d’un co-pilote », explique Caroline. Mathilde a finalement accepté, presque à l’aveugle, de la suivre dans ce périple « 4L Trophy quoi ? C’est quoi ça ? J’exagère mais je savais à peine ce que c’était ! ». Le 4L Trophy est un raid automobile ouvert aux Renault 4L, créée en 1997 par la société Désertours. La première course comptait seulement 3 équipages quand celle de 2019 en compte près de 1100, soit 2200 étudiants.
Mathilde nous abandonne sur le parking d’Agrosup. Caroline, la pilote, déverrouille elle-même la portière de la 4L à défaut de fermeture centralisée. Après un regard dans le minuscule rétroviseur, Caroline se lance dans les rues de Dijon. Le trajet reste bien tranquille pour la pilote qui ne s’est encore jamais risquée à quitter l’asphalte pour l’inconfort des chemins de terre. « On n’est vraiment pas au top niveau mécanique », rigole Caroline. Malgré leurs lacunes, les participantes sont parvenues à jongler entre cours de management, travaux pratiques, projets professionnels et la préparation du véhicule. Via L’Agros’4L, association qu’elles ont montée pour recruter leurs sponsors, l’équipage est parvenu à récolter les fonds nécessaires pour transformer Cathilde et payer les modalités d’inscription à la course, environ 3200 €, sans compter les frais annexes pour l’équipement et l’entretien du véhicule. Caroline et Mathilde ont avancé environ 2000 € et ont beaucoup compté sur le soutien financier de leurs proches. Passée d’une carrosserie verte au rouge, la petite voiture leur a réservé des surprises au cours de cette année de préparatifs : « On a découvert une corrosion perforante du châssis » m’explique-t-elle, des obstacles auxquels les étudiantes ont dû faire face tout en assurant la réussite de leurs études : « Le 4L c’est pas des vacances ! C’était vraiment tendu des fois ».
Un raid humanitaire
Cette évasion au-delà du dépaysement rendra service aux nombreux enfants aidés par l’association Enfants du désert, partenaire officiel du 4L Trophy depuis 2005 : « l’argent récolté permettra de construire des écoles », explique fièrement Caroline. Les sponsors ont permis de constituer le don qu’elles feront aux enfants marocains dans le besoin. Avec elles, les étudiantes emmèneront quatre sacs de fournitures auxquels elles espèrent ajouter une somme d’argent en fonction de ce qu’il restera sur le compte de l’association L’Agros’4L. L’an passé les Trophystes, grâce aux dons, ont fournit le matériel scolaire nécessaire à 20.000 enfants de la Province d’Errachidia. Deux salles de classe et une école pour enfants en situation de handicap à Rissani ont également été construites, d’après l’association Enfants du désert. Déjà installés dans le coffre, la tente et les bagages basculent à chaque virage. Elles rappellent les bivouacs à venir, la promesse de solidarité, de découvertes et de rencontres.
Les étudiantes, encore incertaines, devront choisir à l’issue de leur formation entre la voie de l’alternance et l’entrée dans le monde professionnel. Elles trouveront peut-être l’inspiration dans cette coupure au fin fond du désert marocain.