Etudes et handisport : pari gagné
Dans le(s) Magazine(s) : n°8 juin 2019
Mots-clefs : basket, etudiants, evasion, handisport
Dans un monde où le sport est très largement présent, Aurélien POUHIN lui, trouve sa place dans le handibasket, au sein de l’équipe de la JDA basket fauteuil.
Aurélien POUHIN donne rendez-vous chez lui. A 21 ans, il vit en colocation avec un camarade. Un appartement reconnaissable, avec le fauteuil roulant devant la porte d’entrée. Il ouvre la porte, debout, et nous nous installons autour d’une table. Tour d’horizon rapide des lieux: un logement peu décoré, mais le basket omniprésent. Que ce soit par un cadre de photos avec son équipe, ou par le panier de basket accroché à la porte d’entrée, on sait de quoi on va parler. En situation d’infirmité motrice cérébrale entraînant un trouble moteur, qui l’empêche de rester debout trop longtemps, il a appris à vivre avec son handicap. Originaire du Chatillonnais, où les clubs de sport se font rares et le handisport inexistant, il s’essaie au tennis de table à l’âge de 14 ans. Durant trois ans, il pratique cette discipline avec des personnes valides. « Je me sentais normal. Les valides, ils ne font pas attention au handicap. Et j’aime pas qu’on fasse attention à moi en tant que personne handicapée ». Ne plus être vu différemment, voilà ce qui l’importait. Ses études l’emmènent à Dijon. Lycéen à Simone Weil et résidant au centre de rééducation Le Clos Chauveau, il continue le tennis de table. Mais les entraînements, plus longs, le fatiguent énormément, et décide d’arrêter.
« Même si les entraînements sont durs, je ne lâche pas »
Il s’initie au basket fauteuil à la JDA il y a quatre ans, et s’épanouit pleinement dans cette discipline. Etudiant en BTS MUC (Management des Unités Commerciales) au lycée du Castel, il arrive à concilier sport et études, grâce à un aménagement du programme sur quatre ans. « Etudier c’est bien, mais il faut aussi prendre du temps pour soi, s’aérer l’esprit ». A l’époque, il débute en pratiquant le basket deux heures par semaine. Grâce à cet emploi du temps aménagé, il a fait le choix, l’année passée, d’intégrer l’équipe compétition du club, tout en sachant les efforts que cela implique. « Même si les entraînements sont durs, je ne lâche pas, jamais. C’est ma façon d’être ». Propos confirmés par Damien, son entraîneur: « Aurélien est un joueur très à l’écoute, exigeant envers lui-même et surtout pugnace ! ». Ce qu’Aurélien apprécie, en plus de se dépasser et de sortir de sa zone de confort, c’est cet esprit d’équipe qui règne au sein du groupe. Puis cette sensation de se libérer de son handicap, de l’oublier même parfois, parce qu’entre eux ils en parlent sans tabou, n’évitent pas le sujet, en rigolent, et se tirent vers le haut, « on est tous logés à la même enseigne, et on dit des choses qu’on dirait pas avec une personne valide ». Le basket fauteuil lui permet de couper du quotidien, notamment quand ils partent un week-end ensemble en déplacement, lors des matches extérieurs. Cela lui permet de faire le vide, de vivre d’autres choses, et « ça fait énormément de bien ».
Comme tout le monde, il y a des jours avec, et des jours sans. Quand ça ne va pas, il se dit « je ne fais pas tous ces efforts pour rien » et ça repart. En ayant intégré le groupe compétition de la JDA, il est à huit heures d’entrainement par semaine, sans compter les matches. Depuis, il a moins le temps de se poser et de penser, et a moins de coup de mou. « Je me suis toujours dit que le handicap, même s’il est là, si on veut l’oublier ou passer outre, on peut. A aucun moment je n’ai pensé qu’il m’empêcherait de faire du sport »