Adèle, l’expérience mitigée d’un CDI étudiant

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Adèle est étudiante et vendeuse polyvalente dans une entreprise de textile. Elle évoque son expérience à travers le récit de ses conditions de travail parfois très difficiles. Entre stress, anxiété et fatigue, elle garde pourtant un optimisme incroyable.

Adèle à 21 ans. Actuellement en master « sciences du langage » à l’Université de Bourgogne, elle décide en Juin 2016 de postuler dans une grande enseigne de textile située dans le centre commercial de la métropole dijonnaise. Ce n’est pas sa première expérience de travail, elle qui a toujours aidé sa famille à la gestion du camping familial situé dans le Jura. Le travail manuel ne lui fait pas peur : « J’ai l’habitude de me retrousser les manches, ça ne me fait pas peur de travailler ». Avant de postuler pour ce poste de vendeuse elle avait déjà plusieurs cordes à son arc. « Je sais travailler en équipe, aller vite sous la pression et j’ai un bon contact avec les clients en général ».

Le calme puis la tempête

Adèle a signé un contrat de 8 heures hebdomadaire en tant que vendeuse polyvalente. Les premiers mois sont plutôt calmes, du rangement en rayon, de la tenue de caisse, de l’aide aux cabines, rien ne semble entacher sa motivation due aux premiers salaires et à sa prise de confiance. « Lorsque j’ai reçu mon premier salaire j’étais euphorique » nous évoque t-elle. Cependant, les premières difficultés apparaissent. Le rythme de travail est effréné, car dans cette entreprise du textile la rapidité, l’efficacité et la rigueur sont les premières qualités indispensables.

Adèle revient souvent avec des douleurs articulaires notamment au dos à force de se baisser pour plier et ranger l’ensemble des rayons de vêtements. « Je rentre épuisée car l’accumulation de la fac et de mon contrat fait que je n’ai jamais vraiment de jours pour me reposer ». Ce sont également des tâches répétitives presque monotones où il faut pourtant une rigueur et une vigilance constantes pour proposer un service de qualité aux clients. Parfois Adèle travaille plus de cinq heures avant de pouvoir prendre sa pause, et souvent c’est découragée et dépitée qu’elle retourne travailler une heure plus tard.

Mais au delà des conséquences physiques, c’est bien son moral et sa motivation qui en prennent un coup. Tout d’abord évoque t-elle, « les clients sont souvent compliqués à gérer ». En effet, la plupart ne se cantonnent pas aux règles du magasin en adoptant des comportements inacceptables, méprisants vis à vis des employés et même parfois violents. Adèle à déjà eu des situations de ce type notamment en cabine d’essayage ou les dérives sont nombreuses : dégradations, insultes et même vols.

Adèle ne déroge pas à la règle, même si elle semble studieuse et sérieuse derrière ses lunettes rondes et son sourire affiché. La pression est constante, presque « insupportable » par moment nous confie-t-elle. Les relations entres collègues du même poste ne sont également pas toujours roses. La plupart des vendeurs et vendeuses polyvalentes sont parfois un obstacle au bon déroulement d’une journée de travail, où certains vendeurs cherchent à ternir l’image des autres pour être bien vus par les managers.

Relativiser l’expérience

Nombreuses sont les raisons alors de changer d’entreprise, mais Adèle en est convaincue, les conditions ne sont pas à coup sûr meilleures ailleurs.  Elle s’estime même parfois chanceuse d’avoir la possibilité de travailler. Car cette entreprise n’est pas sans avantages pour elle. « Je peux adapter mes heures de travail en fonction de mon emploi du temps à la fac, ce qui est parfait pour moi ». Elle ajoute même « ce qui n’est pas le cas de toute entreprise ».

De plus elle touche un peu plus de 11,5 euros de l’heure brut, donc un peu plus que le SMIC. Mais ce qui motive Adèle, outre le salaire, « c’est l’expérience de travailler ». Mêmes si les conditions ne sont pas toujours optimales, même parfois dures à supporter, elle garde le sourire. « Je préfère rester positive car le travail est un investissement personnel en plus de la fac, il faut l’accepter et le gérer et je pense avoir réussi ».

Crédit photo: Julien Jacotot

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