Les vices de l’alternance

Dans le(s) Magazine(s) :
Mots-clefs : , , , ,

Avoir un salaire en tant qu’étudiant et à la fois suivre une formation semble être le rêve de chaque personne visant une insertion professionnelle après son cursus. Les vertus de l’alternance sont bien connues, mais on parle que rarement des difficultés que peuvent avoir les élèves avant, pendant et après leurs années de formation en alternance. L’alternance est elle vraiment aussi positive pour un édudiant que l’on le pense?

Avant de commencer des études en alternance il est important de noter qu’elle est aujourd’hui devenue plus sélective. Le nombre d’étudiants qui signent un contrat d’alternance à augmenté de 2,7% entre 2016 et 2017 selon une étude de la DARES. Cela rend le fait d’être accepté dans une entreprise plus compliqué, car le nombre d’étudiants qui souhaitent faire une alternance à augmenté de 3,4% pendant cette même période. Plus d’offres (les alternants), mais pas forcément plus de demande des entreprises. Il faut donc, même avant de commencer son alternance, avoir trouvé le lieu où celle-ci se déroulera, ce qui n’est pas toujours évident.

En tant qu’étudiant en alternance, on peut avoir plusieurs raisons d’être mécontent de sa situation. Tout d’abord le fait de devoir “alterner” semble ne pas être aussi facile que ce que l’on pense. Dans un blog de digischool.fr, Pierre, un ex-alternant parisien explique que “tu dois t’organiser au mieux pour ne pas te perdre lors de ton retour à l’école et lors de ton retour à l’entreprise”. Il y existe aussi le cas des “stages alternés”, qui permettent d’effectuer l’alternance sans contrat de travail. Par contre, selon un article de alternance.fr, l’étudiant en stage alterné touche un salaire de stagiaire (30% du SMIC minimum), ce qui lui revient à environ 200€ par mois si l’élève travaille une semaine sur deux. Dans ces cas là l’alternance ne permet pas l’indépendance financière. En plus de cela le rythme ne permettra pas d’avoir un job étudiant à côté pour arrondir les fins des mois. D’autres points faibles de l’alternance sont le fait qu’on est parfois considéré comme salarié, ce qui veut dire la perte du statut d’étudiant, ne plus avoir de vacances scolaires et devoir assimiler rapidement un métier en faisant le lien avec l’aspect théorique de l’alternance.

La post-alternance

L’alternance n’est pas non plus la solution magique au chômage. Selon une étude du Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) « au niveau macro-économique, il est impossible de démontrer le lien mécanique entre le développement de l’apprentissage et la diminution du chômage des jeunes ». Il est devenu plus simple de trouver un contrat d’alternance, mais la création d’un contrat d’alternance dans une entreprise n’est pas la même chose qu’une véritable création d’emploi. Favoriser les alternants défavorise les jeunes diplômés à la recherche d’un CDD ou d’un CDI.

De plus, on ne propose pas suffisamment de contrats de travail pour que chaque étudiant qui finit son cursus puisse facilement trouver un emploi par la suite. Selon la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) du ministère de l’Éducation nationale, en 2016, sept mois après la fin de leur formation, 35% des apprentis ayant suivi des études du niveau CAP à BTS n’ont pas trouvé un emploi. Une entreprise ne peut pas toujours proposer un CDI à un étudiant qui vient de finir son alternance, même si celui-ci est motivé et doué. La question est donc: Comment bien accompagner ces étudiants à leur sortie et comment peuvent-ils s’intégrer sur le marché de travail? La vision à “court terme” est un véritable soucis pour l’alternance, car celle-ci est un investissement de la part de l’étudiant mais également de la part de l’entreprise, qui n’est pas assez souvent fructueux par la suite.

Daan van Gorp, photo; CollegeDegrees360

Aller à la barre d’outils