Hausse des frais : quels impacts ?
Dans le(s) Magazine(s) : n°7 mai 2019
Mots-clefs : étudiant, extra-européens, frais de scolarité
Dès la rentrée 2019, le Gouvernement souhaite augmenter les frais de scolarité des étudiants extra-européens qui veulent étudier dans les universités françaises.
Selon une étude publiée par l’agence publique de promotion à l’étranger de l’enseignement supérieur français, la France est la quatrième destination mondiale des étudiants étrangers après les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie. Le Gouvernement estime à 320 000 le nombre d’étudiants étrangers inscrits dans l’enseignement supérieur en France, 76,6% d’entre eux vont obtenir un diplôme très prochainement. La France souhaite revoir ce nombre à la hausse d’ici 2027 : elle a pour objectif d’accueillir 500 000 étudiants étrangers, soit une augmentation de 56,25%.
L’augmentation des frais de scolarité pourrait toucher près de 280.000 étudiants extra-européens, ceux provenant de l’Union Européenne ne sont pas concernés. Le financement des études va être multiplié par 16,3 pour les étudiants en licence. Ils vont passer de 170 euros à 2770 euros. Le coût va être multiplié par 15,5 pour les étudiants en master et doctorat, passant de 243 euros à 3770 euros. Il est à noter qu’actuellement, les frais d’un étudiant étranger sont identiques à ceux d’un étudiant français.
Des conditions d’accueil modifiées
« Pour accueillir plus d’étudiants étrangers, nous devons mieux accueillir les étudiants étrangers. » a déclaré Edouard Philippe, Premier Ministre.
Cette hausse des frais permettra d’augmenter le nombre de bourses et d’améliorer les conditions d’accueil des étudiants en facilitant, entres autres, la procédure de délivrance de visa. Le Gouvernement annonce la création de 14 000 bourses d’exemption de frais, visant principalement les étudiants de pays en développement. « Un étudiant international sur quatre pourra bénéficier d’une exonération ou d’une bourse » a-t-il déclaré.
Malgré cette augmentation, les frais de scolarité en France seront toujours inférieurs à ceux d’autres pays, très prisés par les étudiants.
Selon, une enquête réalisée par Hong Kong & Shanghai Banking Corporation (HSBC) en 2014, les frais de scolarité des Etats-Unis sont les plus élevés, suivis de ceux de l’Australie, du Royaume-Uni, de Singapour, du Canada et d’Hong Kong. Edouard Philippe a souligné que « nous resterons très en-dessous des 8 000 à 13 000 euros de nos voisins néerlandais et des dizaines de milliers de livres en Grande-Bretagne, et de la plupart des pays européens, sans évoquer bien sûr la situation sur le continent nord-américain. »
Une mesure qui fait débat
Plusieurs Universités contestent fortement cette mesure. A l’Université de Bourgogne, des enseignants ont signé une pétition contre cette augmentation comme Alexandre Ciaudo, Dubravka Saulan ou encore Luca Nobile. 15 Universités françaises sont ouvertement contre, parmi elles Tours, Angers, l’Université Lyon 2, l’Université de Grenoble Alpes, Sciences Po Grenoble, etc. Certains présidents justifient leur mécontentement comme celui de l’Université de Picardie Jules Vernes :
« 15% des étudiants de l’UPJV sont internationaux. Notre Université […] place l’ouverture sur le monde comme un de ses axes stratégiques. »
En conséquence, le Gouvernement va t-il revenir sur cette mesure ?